Chronique littéraire et entretien, à la rencontre de Peggy-Laure Bernard et de son roman "Avouez que vous n'êtes pas normale".

Chronique littéraire et entretien, à la rencontre de Peggy-Laure Bernard et de son roman "Avouez que vous n'êtes pas normale".


La chronique.

Étant un auteur auto-édité, j'ai eu envie d'aller vers les autres autrices et auteurs auto-édités. J'ai décidé de faire des chroniques et des interviews. 

N'ayant que peu de temps disponible, je ne ferai que peu de chroniques et beaucoup plus d'interviews. Je vais continuer de lire des livres édités par des maisons d'édition et d'auteurs auto-édités sans pour autant en faire des chroniques. Je ne ferai des chroniques que quand ça pourra amener quelque chose, par exemple pour parler d'un livre d'un auteur auto-édité que je viens de lire et qui m'a plu. 

Depuis environ un mois, j'ai commencé par lire le livre de Peggy-Laure Bernard au rythme d'environ dix pages par jour, car même quand j'ai du temps, je préfère lire plusieurs romans en même temps et donc lire peu de pages de chacun. 

Le titre du roman est Avouez que vous n'êtes pas normale.

Ce livre est un roman introspectif, un roman autobiographique. C'est un genre de roman que j'aime bien, vu que j'aime bien aussi lire des biographies ou des autobiographies. 

Quel est le sujet du roman ? 

Pleine de son amour maternel, une femme qui n’a plus la garde de son fils se met à lui écrire des lettres afin de lui expliquer comment elle en est arrivée là, sans jamais les lui envoyer. 

Outre la remise en question de son rôle de mère, elle se demande si elle va finir par trouver sa place dans cette société qui succombe si facilement à l’individualisme et à la cruauté. 

Elle perd tout, la garde de son enfant, son couple, son travail, mais se trouve à travers l'écriture d'un roman. 

Ce livre est une chronique d'une fin annoncée. En effet, dès le départ on sait ce qui va se passer et la trame du roman est d'expliquer les événements qui ont amené cette fin annoncée. 

Ce roman est bien écrit, il s'imprègne de faits du quotidien : séparation, problèmes dans le travail, … 

On se sent à la fois spectateur, mais comme nous sommes tous plus ou moins imprégnés de ces problèmes du quotidien, on se dit ça peut nous arriver. La lecture est intéressante, car à la fois proche et distante de nos vies. 

Mon avis

Le roman est long, mais on ne s'y ennuie pas. On sent que l'autrice y met ses tripes et une partie d'elle-même. J'ai bien aimé lire ce livre. Si vous aimez ce genre de roman, il y a de fortes chances qu'il vous plaise aussi. 

Maintenant pour mieux connaitre cette autrice, je lui ai posé plusieurs questions.

Quels sont les romans qui t'ont marquée, qui t'ont donnée le goût de la lecture ? 

Quand j’étais petite, après avoir appris à lire, immédiatement la lecture a fait partie de mes passe-temps de prédilection. Au collège, il y a eu un coup d’arrêt qui a perduré jusqu’à la fin du bac de français. À cette époque, je me suis contentée de lire que les livres qui m’étaient imposés. Une fois le diktat scolaire révolu, j’ai attrapé Hannah et l’Impératrice de Paul-Loup Sulitzer parmi les livres de ma mère qui lisait tout de cet auteur. Il n’y a aucune raison à ce choix autre que le plus grand plaisir de ma mère d’avoir lu ces romans, et là, j’ai retrouvé tout mon grand bonheur de m’adonner à la lecture qui ne m’a jamais plus quittée. Il m’est très difficile de parler d’un ou de quelques romans marquants. D’abord parce qu’il y en a beaucoup et puis parce que finalement je ne sais pas si je ne suis pas plus habitée par le pouvoir du livre en lui-même, par le fait d’avoir accès à la pensée, à la vision du monde de l’autre. Mes lectures sont très variées, elles dépendent de ce que je suis en train de vivre aussi. Je lis de tout : roman, biographie, essais, pièces de théâtre, … sur tout économie, politique, psychologie, sociologie, amour, famille, … La lecture n’est pas une distraction, ce n’est pas le mot que je lui accole, mais une vraie opportunité pour moi d’apprendre, d’enrichir mon esprit critique, de me connaître, de me sentir vivre. 

Personnellement me concernant, je ne sais pas pourquoi j'écris. J'y ai réfléchi, je me suis dit, c'est un travail, non, une passion, plus, une nécessité, des fois, un "je ne sais pas pourquoi", certainement. Ce "je ne sais pas pourquoi" me fait écrire ou pas, me fait rester des années sans écrire, fait qu'aujourd'hui, je réécris. Et toi, pourquoi écris-tu ? 

Dans la suite logique de cette évolution personnelle certainement. J’écris parce qu’un jour j’ai admis que c’était en jouant avec les mots que j’avais l’impression d’avoir accès au meilleur de ce que je peux créer, de ce que je peux partager avec les autres. Cette perception a du sens depuis que mon premier roman existe. 

Ton roman colle à la réalité quotidienne, si tu devais écrire un roman lié à l'imaginaire vers quel genre te tournerais-tu ? 

Pour le moment, j’ai plutôt l’impression que même pour une fiction, je resterais attachée au cadre de notre contemporanéité. Je suis fascinée par ce que nous vivons à titre individuel et collectif. 

Ton roman est un peu sombre, du coup je me permets de te poser cette question : en tant que lectrice, préfères-tu les romans qui se finissent bien ou ceux qui se finissent mal ? 

Je n’ai pas de préférence pour cela. Ce qui compte davantage, pour une fiction, c’est que je sois surprise par le dénouement. Ce que tu as d’ailleurs très bien réussi dans le tien, Mes hiers assassinés

En vivant au quotidien en Catalogne, en parlant catalan, est-ce que le goût pour écrire en français augmente ou diminue, vu que la langue n'est plus pratiquée au quotidien ? 

En arrivant en Espagne, je ne parlais ni catalan ni espagnol. J’avais juste réalisé l’étude d’une méthode de langue et pris quelques cours d’espagnol durant 8 semaines avant de partir. Ce que j’ai découvert et que j’ignorais totalement, c’est que les étrangers de toutes les nationalités à l’étranger ont comme instinct de se rassembler. Ce qui n’a pas été du tout mon réflexe. Au contraire ! Je disais que j’étais en Espagne pour rencontrer des Espagnols. C’était vraiment l’expression d’une très grande naïveté dont je suis capable, souvent. Le communautarisme, même s’il n’a pas été mon désir, s’est imposé en quelque sorte à moi. D’abord par la voie professionnelle. La seule compétence que je pouvais exploiter était ma pratique maternelle du français. Et là, il est très facile, surtout dans une ville résolument internationale comme Barcelone, de se retrouver dans un quotidien où on ne parle jamais espagnol. J’ai résisté à cela du mieux que j’ai pu et me suis imposée depuis plus de 3 ans que j’y habite de saisir toutes les occasions de parler en espagnol, de le travailler le plus régulièrement possible même si cela se présente forcément à un moment comme une contrainte. Aujourd’hui, je peux me présenter dans tout contexte et m’exprimer en espagnol en parlant comme une vache française, mais l’échange a lieu et je crois que c’est ce qui compte le plus. Évidemment, je n’ai pas pu faire cela pour 2 langues en même temps, par conséquent je ne parle pas du tout catalan. Écrire en français est donc le seul moyen pour moi de pouvoir écrire. 

As-tu des rituels d'écriture ? Écris-tu le matin ou bien le soir ? 

Pas vraiment. J’ai besoin d’écrire quoi qu’il en soit tous les matins dans un cahier en buvant mon café. Et je n’ai aucune règle pour ce contenu. 

Penses-tu que la lecture et l'écriture isole ? 

Dans l’acte en lui-même au moment où il est réalisé, oui forcément. Je préfère être au calme, toute seule pour lire ou écrire. Mais après non, pas du tout, au contraire, c’est un vrai facteur de création du lien social. J’en atteste tous les jours. La publication de mon livre m’a permis d’échanger avec une quantité incroyable de nouvelles personnes, et je suis persuadée que ce n’est que le début. La preuve par cette interview, c’est parce que nous écrivons que nous nous rencontrons. 

Lis-tu des romans en espagnol ou en catalan ? Si oui, quels sont tes auteur(e)s espagnols ou catalans préférés ? 

J’ai fait quelques lectures en espagnol. Pour le moment, ce n’est pas ma priorité pour donner de l’épaisseur à ce que je suis en train de vivre. Depuis que j’ai auto-édité mon roman, j’ai besoin de lire des auteurs auto-édités et leurs livres ont donc ma préférence. 

As-tu de nouveaux projets d'écriture ? 

Oui. Et pas suffisamment de temps pour m’y investir comme je le souhaite. Je me dis que cette situation est acceptable car momentanée.

Merci d'avoir pris le temps de répondre à mes questions, pour finir, voici quelques extraits du roman et le lien où vous pourrez le trouver :


"Me mettre à t'écrire cette lettre est l'unique raison pour laquelle j'ai consenti à sortir de mon lit ce matin."

"Nous sommes mère et fils jusqu’au jour où nous quitterons ces vies. Et aucune condition matérielle, aucune situation physique ne pourra casser cela. Il n’y a pas de séparation entre nous."

"En fait, le rejet est surtout une dérive. Il peut être évité si nous savons avec talent et humilité gérer les ruptures nécessaires et naturelles qui font partie de la vie."




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Suite à cet article, si vous avez des remarques, n'hésitez pas à laisser un commentaire, ici ou sur les réseaux sociaux.


Je vous remercie d'avoir pris le temps pour nous lire.

Alexandre.


Commentaires

  1. J'ai rencontré Peggy-Laure lorsqu'elle est venue à la librairie Mots du Monde pour présenter son livre qu'elle permettait de lire en numérique dans un premier temps. Elle m'a confié sa démarche et j'ai surtout eu un coup de cœur pour sa vie de femme moderne et nous avons décidé une soirée de dédicace à la librairie. J'ai admiré sa solidité dans cette démarche de résilience qui est réussie. Je vous encourage à la lire, par plaisir, par solidarité féminine. Si vous êtes à Nice, passez à la librairie nous avons quelques exemplaires et fêtons nos trois ans d'existence. Vous partagerez avec nous le pot de l'amitié et la bonne humeur avec nos auteurs et artistes divers.

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  2. Je confirme ce que vous dites, le roman de Peggy-Laure Bernard est très intéressant. C'est bien de savoir que du coté de Nice, on peut le trouver dans votre librairie.

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