J'interviewe Jeanne Malysa, elle nous parle de littérature sensuelle et de son rôle de directrice éditoriale dans une maison d'édition

J'interviewe Jeanne Malysa, elle nous parle de littérature sensuelle et de son rôle de directrice éditoriale dans une maison d'édition

 

Bonjour Jeanne. J’aime bien aller à la rencontre des personnes qui gravitent autour du livre. Aujourd’hui, c’est tombé sur toi. Pour commencer, peux-tu nous parler de toi en quelques mots ?


Je suis une épicurienne tendance verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Je suis attirée par le mysticisme (mon côté scorpion), j’ai le rire très facile, l’humeur souvent joyeuse, parfois nerveuse, je pique quand je suis blessée (mon côté scorpion) ; quelque peu contestataire, j’aime bien le désordre et désobéir parfois ; j’aime tout ce qui a un rapport avec le charnel, la sensualité, aussi bien spirituel que corporel (mon côté scorpion) ; je brasse la vie à pleines mains parce qu’elle est unique et que j’en ai eu dramatiquement conscience à plusieurs reprises. Et je pense porter haut et fort les couleurs de mon signe astrologique qui est… Ô surprise : le scorpion !

 

Quel est le cheminement qui t’a amenée vers l’écriture ?


Je cherche… je cherche… Franchement, je ne suis pas certaine qu’il y en ait un. J’ai eu tout simplement l’envie d’écrire un jour, très tardivement dans ma vie ; j’ai une méthode qui me convient totalement (celle de l’architecte, un comble moi qui suis nulle en géométrie !) et grâce à cela, je parviens à finir un roman. Je planifie tout : le décor, les bio des personnages, le contexte historique, les lieux géographiques, le classement de la documentation, etc. Chaque chapitre a son résumé et je n’ai plus qu’à broder ensuite. Il n’y a que dans mes nouvelles que j’improvise au fur et à mesure et j’adore ça aussi.

 

Tu écris de la littérature érotique, qu’est-ce qui fait que tu choisis d’écrire ce genre de littérature plutôt qu’une autre ? As-tu lu les œuvres du Marquis de Sade ou « Les liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos ?


Certes, ma réputation d’autrice aux mots qui chauffent les sens commence à prendre sa part belle par rapport à l’autre plus sage (quoique…), mais je n’écris pas que cela. Je suis une romancière qui adore mélanger les genres, tels que l’aventure, le suspense, l’historique, la romance, le fantastique, le paranormal, le tout épicé de mots à haute température. Il n’y a que dans mes nouvelles que l’érotisme est l’unique nature. Et pour répondre totalement à ta question, j’aime l’exercice de l’écriture, quel que soit le genre, même si celui de l’érotisme me demande une attention toute particulière : il faut que je réussisse à amener les lecteurs/lectrices à se perdre dans le charnel, dans le rouge peau, qu’ils palpent le parfum du stupre, qu’ils écoutent l’imbrication des corps, qu’ils bavent de volupté. En gros, qu’ils prennent plaisir à me lire et si possible d’une main...
Dans ma bibliothèque rouge vif, il y a bien évidemment le Divin Marquis, mais aussi D.H. Lawrence, Pierre Louÿs, Anaïs Nin, Alphonse Momas, le très récemment regretté Esparbec, Dominique Aury (Pauline Réage), Françoise Rey, sans parler de tous ceux que je découvre au fur et à mesure de mes lectures torrides, comme les derniers en date : La Remplaçante de Guillaume Perrotte (un très cru chaud bouillant, yeux chastes s’abstenir), Le Fouet de Martine Roffinella (une œuvre au noir magistral) ou Les mots qui font mâle de Jean Feixas et Emmanuel Pierrat, « petit lexique littéraire et poétique du sexe masculin », à lire avec un coupe-papier, (intéressant le principe du coupe-papier pour un sujet pareil…)

 

Si tu devais choisir un de tes écrits pour nous en parler lequel serait-il et qu’en dirais-tu ?


Choisir ? Aïe. Je peux tricher ? Allez, on va dire que oui. Les deux derniers en date.D’abord, Le Cuir et la Plume (aux éditions Juno Publishing), qui est justement un mélange de ce que j’affectionne le plus (voir question 3). Et mon dernier recueil de nouvelles érotiques, Dans tous les sens (aux éditions Ex Aequo). Ces deux derniers reflètent parfaitement ce que j’aime distiller dans toutes mes histoires : le respect de soi, de l’autre et la liberté absolue d’aimer, quel que soit le genre, la dénonciation de l’intolérance, le rappel de certains moments de l’Histoire qu’il ne faut surtout pas oublier (ce sujet concerne surtout le Cuir et la Plume).

 

Dans ce monde du livre, en plus d’être autrice, tu es directrice éditoriale dans une maison d’édition. Peux-tu nous dire en quoi cela consiste ? Reçois-tu des manuscrits ? Les lis-tu ?


Être directrice éditoriale est un vrai bonheur, même s’il est terriblement chronophage, mais j’adore ça. Je le suis depuis peu aux éditions Ex Aequo, et je dirige la collection érotique « Alcôve ». Je reçois effectivement des manuscrits que je lis toujours avec beaucoup d’attention. Je repère très vite ceux qui n’entreront jamais dans la collection parce que totalement inaboutis ou ineptes, voire d’une vulgarité sans nom. En revanche, lorsque je sens qu’il y a un potentiel qui demande à être affiné, j’encourage vivement les auteurs à retravailler leur texte et à revenir me le présenter à nouveau (j’en ai quelques-uns dans ce cas). Et puis je tombe sur des pépites, comme Jessika Lombar avec Into Vinceres, un roman dans lequel, je la cite, elle relate « les fantasmes féminins, les relations toxiques ou la place de la masculinité dans le monde actuel » ; Gabriel Kevlec avec Cordons, une histoire d’amour entre deux hommes aux personnalités très attachantes, qui prend aux tripes et donne très chaud. Ces deux romans paraîtront à l’automne. Et puis, il y en a un troisième que je ne peux pas encore annoncer à l’heure où j’écris, car le contrat est en cours. Je suis superstitieuse, tant qu’il n’y aura pas la signature de l’auteur accolée à celle de l’éditrice, il n’y a rien d’officiel (mais je bous d’impatience… et l’auteur aussi, je crois). Je vais également diriger à la rentrée une autre collection « Accroch’Cœur ». Oui, il s’agit de romance, et pour moi, ce n’est pas un gros mot…
Je profite de cet entretien pour annoncer que mon adresse mail (jeannemalysa@gmail.com) est ouverte à tous les auteurs/auteures/autrices s’ils souhaitent m’envoyer leur tapuscrit…

 

En dehors du monde de l’écriture as-tu d’autres passions ?


Je passe sur les principaux qui sont la lecture, la musique et le cinéma. Sinon, il y a le puzzle. Hélas, je n’ai plus le temps d’en faire. J’ai passé des nuits blanches à trier, assembler, ne plus penser à rien d’autre que de trouver LA pièce manquante. Une vraie respiration dans le monde professionnel trépidant qui m’accaparait. Le plus gros en comportait 4000, un pur régal. J’en ai un de 9000, mais quand m’y mettrais-je ? Je suis bien incapable de le savoir.

 

Je vais te poser une question que j’avais déjà posée à Maritza Jaillet :
Et maintenant, imaginons que tu te retrouves prisonnière dans une bibliothèque ?
Qu’est-ce que tu fais ?
Tu essayes de t’échapper ?
Ou bien décides-tu de lire tous les livres ?


Je lis un livre d’abord, puis je tente de m’échapper en empilant les volumes pour atteindre le plafond que je défonce à coups de dictionnaire. Pardon pour eux, mais je suis légèrement claustrophobe…

 

Si tu étais une ville, quelle ville serais-tu et pourquoi ?


Paris. J’y suis née, j’y ai travaillé. Je n’y vis pas, mais dès que je peux, je fonce à la capitale qui me coupe le souffle à chaque fois. Je ne serai jamais lasse de cette ville. Je suis amoureuse de ses bâtiments, de ses ponts, de ses bistrots, des rues montantes, des devantures de boutiques, des ruelles descendantes, des petits parcs, des coins de rues, des galeries aux décors Art Nouveau, de son histoire, des murs qui ont gardé la mémoire de la Libération, des promeneurs qui flânent le long de la Seine… Ça s’entend que j’aime cette ville ?

 

Préfères-tu les romans, les films, les histoires qui se finissent bien ou bien celles qui se finissent
mal ?


Je n’ai pas de préférence. Dès lors que je suis happée par l’écriture, l’histoire, la réalisation, le jeu des acteurs, tout me va.

 

Quels sont tes projets à court, mais aussi à long terme ?


À court terme, terminer la saison 3 de ma saga Thuata. Le long terme, je ne connais pas trop. Je n’aime pas faire des plans d’avenir, on ne sait jamais ce qu’il nous réserve alors je préfère vivre le temps présent à fond. C’est déjà un sacré boulot, moi je vous le dis !

 

Pour terminer, je te demande de te poser une question et d’y apporter la réponse.


Question : Sommes-nous seuls dans cet univers sans limite ?


Réponse : Bien sûr que non ! Quelle fatuité ce serait de prétendre le contraire !


Sinon, pour finir sur une note d’humour, je vais citer Pierre Dac, un des maîtres du genre :

« À l'éternelle triple question toujours demeurée sans réponse : « Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ?», je réponds : «En ce qui me concerne personnellement, je suis moi, je viens de chez moi et j'y retourne».


J’adore !

 



Jeanne Malysa


Jeanne Malysa littérature érotique


Suite à cet article, si vous avez des remarques, n'hésitez pas à laisser un commentaire, ici ou sur les réseaux sociaux.


Je vous remercie d'avoir pris le temps pour nous lire.

Alexandre.

 

 

 

 

 

 

 

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